Interroger l’écriture testimoniale de la crise pour appréhender les « malheurs du temps » Les écrits mémoriels à la lumière de la recherche en littérature - Carole ATEM [7 décembre 2020]

 Description

Lorsque le témoin d’une crise prend la plume pour transcrire son expérience, la dimension documentaire du témoignage peutelle se dissocier de toute forme d’expression littéraire ? La qualité factuelle de l’information ne se double-t-elle pas d’une intention délibérée du scripteur ? À la suite de C. Jouhaud, D. Ribard et N. Schapira dans Histoire, Littérature, Témoignage : écrire les malheurs du temps (2009), nous souhaiterions montrer la nécessité, pour appréhender l’activité de témoignage, d’interroger non seulement les écrits, mais l’écriture de la crise comme acte à part entière. Loin de se réduire à son contenu informatif, l’écrit testimonial, à la fois réponse et prise de position face à la crise, est le signe d’une démarche active, d’un écrire qui se constitue lui-même comme action sur le monde. Nous nous demanderons en quoi envisager l’écriture de la crise comme un acte de transformation du réel est aussi une réponse à la crise. En décryptant le fonctionnement performatif de l’écriture, la recherche repense le témoignage comme un geste littéraire signifiant aux motivations complexes, dont le dévoilement permet de resituer le scripteur au cœur de la crise, en révélant son passage du statut de témoin passif à celui d’agent scripturaire en pleine prise de pouvoir.